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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/324

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Entendez-vous le cri de la bête carnassière, sous la voix de l’homme ? — Voyez-vous par quelles courbes, partis de deux points opposés, ces purs idéologues sont arrivés d’en bas et d’en haut à un même point où ils se touchent, à l’échafaud ? Voyez-vous comme ils honorent et caressent le Meurtre ? — Que le Meurtre est beau, que le Meurtre est bon, qu’il est facile et commode, pourvu qu’il soit bien interprété ! Comme le Meurtre peut devenir joli, en des bouches bien faites et quelque peu meublées de paroles impudentes et d’arguties philosophiques ! Savez-vous s’il se naturalise moins sur ces langues parleuses que sur celles qui lèchent le sang ? Pour moi je ne le sais pas.

Demandez-le (si cela s’évoque) aux massacreurs de tous les temps. Qu’ils viennent de l’Orient et de l’Occident ! Venez en haillons, venez en soutane, venez en cuirasse, venez, tueurs d’un homme et tueurs de cent mille ; depuis la Saint-Barthélemy jusqu’aux septembrisades, de Jacques Clément et de Ravaillac à Louvel, de Des Adrets et Montluc à Marat et Schneider ; venez, vous trouverez ici des amis, mais je n’en serai pas !