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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/35

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presque pas serré, puisqu’il y avait place pour la tige d’un gros bouquet qui s’y tenait tout droit. Ah ! mon Dieu ! que ses mains étaient blanches et potelées ! Ah ! ciel ! que ses bras étaient arrondis jusqu’aux coudes ! ces petits coudes étaient entourés de dentelles pendantes, et son épaule fort serrée par une petite manche collante. Ah ! que tout cela était donc joli ! Et, cependant, le Roi dormait.

Les deux jolis yeux étaient ouverts tous deux, puis se fermaient longtemps sur le livre (c’était les Mariages samnites de Marmontel, livre traduit dans toutes les langues, comme l’assure l’auteur). Les deux beaux yeux se fermaient donc fort longtemps de suite, et puis se rouvraient languissamment en se portant sur la douce lumière bleue de la chambre ; les paupières étaient légèrement gonflées et plus légèrement teintes de rose, soit sommeil, soit fatigue d’avoir lu au moins trois pages de suite ; car, de larmes, on sait que mademoiselle de Coulanges n’en versa qu’une dans sa vie, ce fut quand sa chatte Zulmé reçut un coup de pied de ce brutal M. Dorat de Cubières, vrai dragon s’il en fut, qui ne mettait jamais de mouches sur ses joues, tant il était