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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/350

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« Citoyen, dit Joseph Chénier à Robespierre, permets-moi de te parler en particulier, ou d’emmener mon père d’ici, un moment. Je le crois malade et un peu troublé.

— Impie, dit le vieillard, veux-tu être aussi mauvais fils que mauvais… ?

— Monsieur, dis-je en lui coupant la parole, il était inutile de me consulter ce matin.

— Non, non ! dit Robespierre avec sa voix aiguë et son incroyable sang-froid ; non, ma foi, je ne veux pas que ton père me quitte, Chénier ! Je lui ai donné audience ; il faut bien que j’écoute. — Et pourquoi donc veux-tu qu’il s’en aille ? — Que crains-tu donc qu’il m’apprenne ? — Ne sais-je pas à peu près tout ce qui se passe, et même tes ordonnances du matin, Docteur ?

— C’est fini ! » dis-je en retombant accablé sur ma chaise.

Marie-Joseph, par un dernier effort, s’avança hardiment et se plaça de force entre son père et Robespierre.