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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/392

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de la Convention ; ils crient de loin que Robespierre, Saint-Just, Couthon, Henriot sont mis hors la loi. Les Sections répondent à ce mot magique par des cris de joie. Le Carrousel s’illumine subitement. Chaque fusil porte un flambeau. Vive la liberté ! Vive la Convention ! A bas les tyrans ! sont les cris de la foule armée. Tout marche à l’Hôtel de Ville, et tout le peuple se soumet ou se disperse au cri magique qui fut l’interdit républicain : Hors la loi !

La Convention assiégée fit une sortie et vint des Tuileries assiéger la Commune à l’Hôtel de Ville. Je ne la suivis pas ; je ne doutais pas de sa victoire. Je ne vis pas Robespierre se casser le menton au lieu de la cervelle et recevoir l’injure comme il eût reçu l’hommage, avec orgueil et en silence. Il avait attendu la soumission de Paris, au lieu d’envoyer et d’aller la conquérir comme la Convention. Il avait été lâche. Tout était dit pour lui. Je ne vis pas son frère se jeter sur les baïonnettes par le balcon de l’Hôtel de Ville, Lebas se casser la tête, et Saint-Just aller à la guillotine aussi calme qu’en y faisant conduire les autres, les bras croisés, les yeux et les pensées au ciel comme le Grand Inquisiteur de la Liberté.