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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/426

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toujours saignante et souriante comme les martyrs ; race aujourd’hui rayée du livre de vie et regardée de côté, comme la race juive. Je désire que vous n’en soyez pas.

Mais que dis-je ? Qui que vous soyez d’ailleurs, vous n’avez nul besoin de vous mêler de votre parti. Les partis ont soin d’enrégimenter un homme malgré lui, selon sa naissance, sa position, ses antécédents, de si bonne sorte qu’il n’y peut rien, quand il crierait du haut des toits et signerait de son sang qu’il ne pense pas tout ce que pensent les compagnons qu’on lui suppose et qu’on lui assigne. — Ainsi, en cas de bouleversement, j’excepte absolument les partis de notre consultation, et là-dessus je vous abandonne au vent qui soufflera. »

Stello se leva, comme on fait quand on veut se montrer tout entier, avec une secrète satisfaction de soi-même, et il jeta même un regard sur une glace où son ombre se réfléchissait.

« Me connaissez-vous bien vous-même ? dit-il avec assurance. Savez-vous (et qui le sait excepté moi ?), savez-vous quelles sont les études de mes nuits ?