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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/85

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donné naissance, ensuite pour lui avoir appris à lire.

— Hélas ! oui, dit Stello, il a écrit ceci :

 
Malheur à ceux dont je suis né !
Père aveugle et barbare ! impitoyable mère !
Pauvres, vous fallait-il mettre au jour un enfant
Qui n’héritât de vous qu’une affreuse indigence ?
Encor si vous m’eussiez laissé mon ignorance !
J’aurais vécu paisible en cultivant mon champ…
Mais vous avez nourri les feux de mon génie.


— Voilà des vers raisonnables, dit le Docteur.

— Mauvaises rimes, dit l’autre par habitude.

— Je veux dire qu’il avait raison de se plaindre de savoir lire, parce que du jour où il sut lire il fut Poète, et dès lors il appartint à la race toujours maudite par les puissances de la terre… Quant à moi, comme j’avais l’honneur de vous le dire, je pris mon chapeau et j’allais sortir