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Page:Vigny - Théâtre, II, éd. Baldensperger, 1927.djvu/318

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THÉÂTRE.

Ah ! pardon, pardon, mon père ! mon vieux père en cheveux blancs ! — Vous m’avez tant embrassé sur vos genoux ! — C’est ma faute ! J’ai cru être poète ! C’est ma faute ; mais je vous assure que mon nom n’ira pas en prison ! Je vous le jure, mon vieux père. Tenez, tenez, voilà de l’opium ! Si j’ai par trop faim… je ne mangerai pas, je boirai.

Il fond en larmes sur la tabatière où est le portrait.

Quelqu’un monte lourdement mon escalier de bois. — Cachons ce trésor.

Cachant l’opium.

Et pourquoi ? ne suis-je donc pas libre ? plus libre que jamais ? — Caton n’a pas caché son épée. Reste comme tu es, Romain, et regarde en face.

Il pose l’opium au milieu de sa table.


SCÈNE II.

CHATTERTON, LE QUAKER.
LE QUAKER, jetant les yeux sur la fiole.

Ah !

CHATTERTON.

Eh bien ?

LE QUAKER.

Je connais cette liqueur. — Il y a là au moins soixante grains d’opium. Cela te donnerait une certaine exaltation