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Page:Vigny - Théâtre, II, éd. Baldensperger, 1927.djvu/399

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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

1897, permet au premier de ces écrivains de parler (Débats, 5 avril) de Vigny auteur dramatique, pour le mettre d’ailleurs à un rang médiocre. La Revue d’art dramatique du 9 mars et du 6 avril 1895 avait souhaité des reprises des pièces : cependant La Maréchale d’Ancre, précédée d’une conférence d’E. Hinzelin, aida à immoler le dramatiste au poète. R. Doumic, dans l’Histoire de Petit de Julleville, est sévère pour la thèse de Chatterton, mais juge la pièce bien faite et l’apitoiement légitime.

L’étranger ne se rend pas toujours compte de la place qui revient à Chatterton dans l’histoire du drame à idées ; cependant E. Meyer (Die Entwicklung der französiscben Literatur seit 1830, 1898) voit dans cette pièce l’amorce des Ibsen et Hauptmann à venir ; Lombroso (Genio e Follia) la situe aux confins de la littérature pathologique, ce qui n’est point pour diminuer ici son accent et sa portée. Mais G. Brandes estime que Chatterton ne touche plus et fait sourire par tout ce qui valut jadis son succès (Hauptströmungen). Rappelons enfin les jugements d’historiens littéraires : Pellissier (Mouvement littéraire, 1890) ; Nebout (Le drame romantique, 1897), et les auteurs d’exposés généraux ou partiels de la littérature française.

E. Sakellaridès (Alfred de Vigny auteur dramatique, 1902) est indulgente à l’extrême pour son héros, psychologue subtil dans La Maréchale, penseur autonome dans Chatterton. Le théâtre de Vigny n’est guère séparé de celui de ses contemporains dans les objections de R. Doumic (Revue des Deux Mondes, 15 avril 1902) et des adversaires du romantisme, E. Seillière, P. Lasserre, etc. Au contraire, Emmanuel des Essarts (Débats, 13 mars 1904) rappelle tout ce que l’évolution de la scène a dû à cette initiative, et A. Le Roy (L’Aube du théâtre romantique, 1904) développe ce regret étonné : « Pourquoi le génie discret et pur d’Alfred de Vigny disparaît-il dans l’apothéose de Victor Hugo ? »

La portée sociale de Chatterton est mise en valeur par Dorison, Roz (Censeur politique et littéraire, 16 février 1907), E. Gosse (French Profiles, 1905), A. Kahn (Le théâtre social en France, Lausanne, 1907) ; signalée comme « un sophisme, et un sophisme dangereux » par A. Le Breton (Théâtre romantique, 1923, p. 138) en dépit des mérites de pathétique qui n’ont pas cessé de nous apitoyer ; tandis que l’abbé C. Lecigne (Le fléau romantique, 1909) s’en prend sans réserve au « paradoxe littéraire » de Chatterton. Lauvrière (1910) conteste à bon escient la prétention de La Maréchale d’Ancre à mettre en scène la « destinée », signale dans Quitte pour la peur un tour de force « non