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Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/38

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sions ardentes et profondes, par lesquelles autrefois, dans la Grèce et la Sicile, l’esprit démocratique luttait contre le maître qui venait le subjuguer, se retrouve au milieu des cités d’Italie du xiiie et du xive siècle. Ces passions qui fermentaient dans ce peuple naturellement si ingénieux et si animé par son soleil, elles attendaient un homme qui dît, avec des paroles qu’on ne pût oublier, ce que tout le monde avait fait, souffert, senti, qui fût théologien et factieux ; car toutes les occupations du temps, c’étaient la théologie et la faction, les bulles et les guerres civiles, la guerre des gibelins contre les guelfes, la guerre des blancs contre les noirs, des Cerchi contre les Donati, de chaque ville contre chaque ville, et d’une moitié des citoyens de chaque ville contre l’autre moitié. Ce n’est pas là, sans doute, une image de bonheur. Elles n’étaient pas heureuses, non plus, ces cités de la Grèce qui déployaient tant de grandeur et de génie. Avec moins de perfection élégante et quelque chose de rude encore, l’Italie du moyen âge rappelle la Grèce. Le Dante est à la fois l’Homère et l’Eschyle de ces temps nouveaux. Il nous attachera longtemps, il sera pour nous le premier grand génie de l’Europe moderne ; il nous montrera ce qu’il y avait de