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Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/62

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le langage. Gardons-nous de croire que les langues soient toujours simples, en proportion de leur antiquité. Au contraire, la poésie lyrique, première née de la pensée humaine, se plaît aux inversions, aux ellipses ; elle aime le demi-jour des métaphores, et le vague des expressions illimitées ; c’est en vieillissant que les peuples prennent, comme Auguste, un langage plus nécessairement intelligible, et plus net.

Ainsi, Messieurs, premier point que nous venons d’établir un peu longuement : la langue latine oratoire, à l’époque où elle était la plus florissante, laissait apercevoir un certain manque de clarté rigoureuse, que l’on corrigeait par des procédés qui se rapprochent de la marche plus précise et plus simple des langues analytiques.

Cela peut-il conduire à croire, avec de savants Italiens, avec Bembo, Cittadini, que dès lors il existait, sous la forme de patois populaire, d’idiome local, une espèce de langue italienne ? On met de l’amour-propre a tout, et les peuples, comme les individus. Les Italiens, non contents d’avoir une langue bien évidemment issue de la langue latine, veulent qu’elle en ait été un dialecte contemporain. On a composé la-dessus de gros livres. C’est un paradoxe peu soutena-