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Page:Villemain - Cours de littérature française, tome 1.djvu/65

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littéraire, aient passé dans les langues modernes ? par une raison très-simple, qui s’est reproduite en beaucoup de lieux. Les langues se conservent de deux façons. Elles se conservent par la science, les monuments littéraires, la communication des esprits ; elles se conservent aussi par l’isolement et l’ignorance. On l’a remarqué ; tandis que les beaux esprits de l’Italie, à force de travail et d’imitations étrangères, ont altéré leur langue, il y a tel village, voisin de Florence, où se retrouvent les expressions littérales de Boccace et de Pétrarque. C’est là que certains curieux, certains gourmets toscans vont chercher la pureté de ce langage chéri. De même notre savant Villoison, à la fin de sa préface sur Homère, raconte que le lieu où subsistent le plus de traces de l’ancien grec, des formes et du mâle accent dorique, c’est un canton de Mania, fort redouté des voyageurs. Comme les habitants n’écrivaient pas, ne communiquaient pas au dehors, et qu’ils ne s’entretenaient guère avec les gens qu’ils volaient, ils avaient gardé, par tradition domestique, les formes de l’ancienne langue ; et la curiosité philologique profitait de leur ignorante barbarie.

Pour me résumer (il faut de l’ordre, quand on parle de grammaire), deux faits principaux :