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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/138

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

pour ma folle ardeur, quelle persuasion, quels filets à captiver l’amour je veux avoir. — Qui donc, ô Sapho ! t’a fait injure ? S’il fuit maintenant, il poursuivra bientôt ; s’il n’a pas accepté de dons, il en offrira ; s’il n’aime pas, bientôt il aimera, même en dépit des refus. — Viens à moi encore aujourd’hui, ô déesse ! délivre-moi de cruels soucis. Tout ce que mon cœur souhaite de faire, fais-le pour moi, combattant toi-même à mon aide. »

Autour de ces paroles éteintes, sous les changements du temps et des idiomes, rêvez le ciel de Lesbos, l’harmonie des vers et celle de la lyre, l’accent passionné de la voix, dans le silence des nuits limpides, ou dans le calme sonore d’un jour brûlant d’été : et vous aurez entrevu quelque chose du gracieux délire dont la poésie et la musique, l’imagination et les sens, l’idéal et l’amour, ont parfois enchanté l’âme humaine.