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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/146

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

grecques d’Asie un poëte d’Éphèse, Callinos, un de ces élégiaques comme Alcman, dont le vers brisé respire tour à tour l’ardeur de la guerre ou la passion de l’amour. Est-ce pour une ville d’Ionie, ou quelqu’une de ces colonies grecques soulevées contre les satrapes, que Callinos entonna son cri de guerre ? Est-ce pour Athènes, près de laquelle se pressaient volontiers les peuples du nom grec ? On croirait qu’il s’agit de l’Ionie, quand on voit les reproches amers mêlés par le poëte à son appel aux armes ; on incline pour Athènes, devant cette apothéose de la gloire que chante le poëte, et dont son cœur est plein.

Jugez vous-même, lecteur, par ce fragment conservé dans les pages d’un moine de Byzance :

« Jusques à quand restez-vous abattus[1] ? Quand aurez-vous un cœur belliqueux, ô jeunes gens ? N’avez-vous pas honte de cette mollesse devant les peuples voisins ? Vous semblez assis en paix ; et la guerre est partout en votre pays, etc.

Que chacun de vous, en mourant, darde encore son dernier javelot ! C’est l’honneur et la gloire de l’homme de combattre pour son pays, ses enfants, sa jeune épouse, contre l’ennemi. La mort viendra, le jour où les Parques auront filé l’écheveau. Mais que chacun marche droit, l’épée haute et le bouclier tendu sur la poitrine, quand la mêlée commence. Il

  1. Poet. lyr. græc., ed. Bergk., p. 303.