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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/159

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

une parure de longs cheveux liés et parfumés d’encens. »

Ce n’est pas là, sans doute, ce qu’approuvait Xénophane venu, par son choix, de cette Grèce asiatique, bientôt opprimée des Mèdes, dans la Grèce d’Europe, non moins ingénieuse et plus forte. Sans doute, il s’y souvient encore et du penchant au plaisir, et des libres idées de sa première patrie ; mais il y mêle un sentiment moral, que relève l’accent de la poésie, et qu’on n’attendrait pas d’un prétendu devancier du matérialisme moderne. Dans la description d’un de ces banquets de fête familiers aux riches citoyens de Colophon et d’Éphèse, il disait en vers d’un tour lyrique : « Au centre, cependant, est un autel[1], de toutes parts chargé de fleurs ; et les chants et l’allégresse font retentir la maison entière. Des hommes animés d’une joie saine doivent chanter d’abord Dieu, d’après de pieuses traditions et avec de chastes paroles, puis demander par libations et prières le pouvoir d’accomplir la justice. Car c’est là ce qu’il faut préférer, et non la violence ; puis on boira de manière à revenir au logis sans guide, quand on n’est pas tout à fait vieux. Il faut aussi louer l’homme qui, en buvant, ne décèle rien que d’honnête, dont la mémoire et la pensée s’entretiennent de vertu, et ne pas redire, d’ailleurs,

  1. Poet. lyr. græc., ed. Bergk., p. 356.