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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/172

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

d’un Dieu suprême, l’espérance de s’unir à lui et la menace des peines réservées aux méchants. Virgile, dans le sixième chant de l’Énéide, a touché cette doctrine empruntée aux mystères d’Éleusis, le purgatoire de l’antiquité : il l’expose en quelques vers, où, comme chez Empédocle, les éléments mêmes de la nature sont les instruments de l’expiation prescrite : « Entre les âmes coupables, les unes volent légères, suspendues à tout vent ; pour d’autres, la souillure du vice est lavée sous la vaste mer, ou brûlée par la flamme. » Mais là rien n’égale ce que l’imagination du poëte sicilien avait réservé pour quelques âmes coupables, dont il décrit ainsi le supplice sans repos. « Le souffle impétueux de l’air[1] les chasse vers la mer. La mer les a revomies sur le sol de la terre. La terre les a lancées vers le radieux foyer du soleil infatigable, qui les renvoie au tourbillon de l’éther ; chaque élément les reçoit rejetées par un autre, et tous en ont horreur. »

Une découverte récente nous a fait connaître encore quelques débris de cette antique poésie, dont la philologie moderne rétablit quelquefois à grand hasard les mètres décomposés. Un livre aujourd’hui fort célèbre en Europe, la Réfutation des hérésies par Origène, cite un beau passage d’anciennes poésies grecques sur la naissance spontanée de l’homme. Est-ce Empédocle

  1. Emped. Agrig. ed. Sturz., p. 529.