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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/196

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

s’était appropriés le génie aux jours de sa jeunesse créatrice, les Pélopides, Œdipe, Agamemnon, toute une part du répertoire d’Eschyle et de Sophocle.

Mais, sans anticiper ici sur l’histoire de cette décadence que nous rencontrerons plus tard, essayons de marquer par quelques autres détails ce qui dut inspirer et retenir dans le cercle lyrique la vocation du poëte thébain.

Entre ces deux villes, Thespies et Tanagre, que visitait Pindare tout jeune, et dans les campagnes fertiles et boisées qui les séparaient, tout était parsemé d’autels, de statues des dieux et de symboles poétiques, depuis le souvenir du chantre religieux venu de Lydie, Olen, jusqu’à des vers d’Hésiode que, du temps de Pausanias, on lisait encore, à demi-effacés, sur des lames de plomb gardées dans un temple du village d’Ascra, au pied de la montagne des Muses. C’étaient peut-être les vers mêmes, que nous retrouvons, au début de la Théogonie[1] : « Ayons les Muses en tête de nos chants, les Muses qui habitent le grand et fertile sommet d’Hélicon, et dansent de leurs pieds légers autour de la fontaine bleuâtre et de l’autel du puissant fils de Saturne ; les Muses qui, lavant aux sources du Permesse leur beauté délicate, auprès de l’Hippocrène, ou sur le divin sommet d’Holmios au plus haut de l’Hélicon, forment des chœurs gracieux, sous leurs pas tressaillants ; puis,

  1. Hesiod. Theogon., v. 1-23.