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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/199

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Grecs, soutenait le parallèle avec la magnificence et le bon goût d’Athènes.

Enfin il y avait encore cette différence, au désavantage des Thébains, que, tandis que des sages, et des sages puissants, des philosophes législateurs s’étaient élevés dans toutes les parties de la Grèce, même de cette Grèce extérieure qui entamait les bords de l’Asie et se prolongeait en Sicile et jusqu’en Italie, Lycurgue à Sparte, Périandre à Corinthe, Solon dans Athènes, Thalès à Milet, Minos en Crète, Zaleucus et Charondas dans cette péninsule nommée la Grande Grèce, nul titre semblable n’avait illustré le territoire ou la ville de Thèbes.

Pour tout dire enfin, le sentiment du patriotisme grec fléchissait dans Thèbes, à l’heure même où il allait se montrer si grand dans toutes les autres cités de la Grèce. Cela même portait le jeune poëte de Thèbes à prendre pour unique objet de ses chants ce qui pouvait surtout animer et servir la Grèce entière, le culte de ses Dieux protecteurs et l’émulation fortifiante de ses jeux guerriers. Déjà ce n’était plus l’âge du poëme épique et de ses longs cycles d’aventures. La Grèce, si polie dans ses arts, si républicaine dans ses lois, et menacée d’épreuves si terribles et si proches, voulait l’histoire pour témoin et la lyre pour auxiliaire.

Une autre poésie s’était élevée, depuis plus d’un siècle, puissance bien assortie aux troubles des états