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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/277

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

lettres dans des cours publics ouverts au bourg d’Éleusis, quartier d’Alexandrie. Auteur de plus de quatre-vingts ouvrages, imitateur ingénieux de toutes les formes de l’antiquité, érudit, mythologue, dramatiste, satirique, lyrique, il ne nous est connu que par de courts fragments et par des hymnes d’autant plus précieux, qu’à part même le talent poétique, ils offrent un intérêt historique, en donnant, par la pompe et par la froideur du langage, une idée de l’état où était tombé le culte païen.

Mais essayerons-nous de marquer le caractère de cette poésie, contemporaine de l’époque où les chants du Psalmiste hébreu entraient dans la langue grecque et étaient familiers à cette foule de Juifs, recrue de l’armée des Lagides, ou mêlés à la population grecque et indigène d’Alexandrie ? Le culte chanté par le poëte est tout politique. À l’invocation du dieu, au récit savant, pour être plus religieux, de son antique légende, succède cette pensée que Jupiter est particulièrement le dieu des rois ; et de là, un tableau pompeux de la royauté même. « Ce n’est pas le destin, dit le poëte[1], qui t’a fait maître des dieux, mais ton bras, la force et la puissance placées debout près de ton trône. Tu as pris, en même temps, le premier des oiseaux pour messager de tes oracles. Puisses-tu les faire briller propices à tes amis ! Tu as choisi, pour être sous

  1. Callim. hymn. in Jov., v. 66 et seq.