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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/283

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

mais à quiconque est vertueux. Qui l’a vu est grand ; qui ne le voit pas reste petit. Nous te verrons, ô dieu puissant au loin ! et nous ne serons jamais au dernier rang. Qu’ils n’aient ni lyres muettes ni pas silencieux, les enfants, s’ils doivent un jour être initiés à l’hymen, raser leur tête devenue blanche et élever des murailles sur d’antiques fondements !

J’admirais ces enfants, tandis que leurs lyres ne restaient pas oisives. Et vous, faites silence pour entendre le chant sur Apollon ! La mer même fait silence lorsque les poëtes célèbrent ou la lyre, ou les flèches, armes d’Apollon cher à Lycoris. Et Thétis, la malheureuse mère, ne pleure plus Achille sitôt qu’elle a entendu le péan : ô triomphe ! ô triomphe ! Et il interrompt ses douleurs, ce rocher lamentable qui, dans la Phrygie, s’est formé de larmes durcies, marbre qui remplace une femme transformée au milieu de son cri de désespoir. Hélas ! hélas ! il est mauvais de quereller contre les dieux[1]. »

À part l’intention morale du poëte, qui peut sembler imitée du langage des antiques mystères, on remarque ici plus d’un souvenir biblique. Et, en vérité, au milieu de cette Alexandrie où, dès le premier siècle de sa fondation, le culte d’Israël, dans plus d’une synagogue, se célébrait en langue grecque, pour l’usage

  1. Callim. Hymn. in Apoll.

18.