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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/29

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

plus agile coureur de la lice thébaine[1], Épaminondas, grand homme, sans les vices trop fréquents des héros antiques et les défauts ordinaires des hommes.

Par là, et non pas seulement par de belles formes d’imagination, le poëte de Dircé s’élève ; il est lui-même un prêtre et, selon toute apparence, le prêtre du culte plus épuré que, sous la forme mythologique, la raison commençait à démêler, à travers les traditions confuses et les nombreux symboles du polythéisme. Mais, de tant d’œuvres du grand poëte, il n’est resté que la portion presque la plus profane.

Ses hymnes à Jupiter, ses pæans ou hymnes à Apollon et à Diane, ses dithyrambes, ses hymnes à Cérès et au dieu Pan, ses prosodies ou chants de procession, ses enthronismes ou chants d’inauguration sacerdotale, ses hymnes pour les vierges, ses hyporchèmes ou chants mêlés aux danses religieuses, ses élégies funèbres, toute sa liturgie poétique enfin s’est perdue dès longtemps, sans doute dans la ruine même de l’ancien culte ; et il ne s’en est conservé que d’imperceptibles fragments. Et cependant, jusque dans ces faibles reliques conservées par le hasard de quelques citations grammaticales, on peut encore, plus que dans les odes sur les quatre grands jeux de

  1. Philosophiae præceptorem habuit Lysim Tarentinum, pythagoreum. — Carmina cantare tibiis doctus est ab Olympiodoro. — Postquam ephebus factus est, et palæstræ dare operam cœpit, non tam magnitudini virium servivit, quam velocitati. — (Corn. Nep. in Epam., cap. ii.)