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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/311

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

milles, à la suite des obsèques de quelques grands citoyens.

Enfin, tout en se mêlant surtout aux choses réelles, à la majesté du culte, aux devoirs de la piété domestique, l’art des Grecs introduisit à Rome ces œuvres de l’esprit qui faisaient partie des fêtes de la Grèce, la mythologie dramatique, et jusqu’à la mélopée du théâtre d’Athènes, mais bien déchues de leur poétique grandeur.

Cette différence ne tenait pas à une infériorité native, à l’inégalité de l’Italie devant la Grèce, mais surtout à l’âge de civilisation différent des deux peuples. Évidemment, lorsque la tragédie, sortant guerrière et parée des mains d’Eschyle, avait déployé son vol lyrique, l’avait soutenu si haut dans les chœurs majestueux de Sophocle et dans les hymnes gracieux d’Euripide, tous les arts à la fois s’empressaient autour d’elle pour la rehausser et l’embellir. L’architecture, la statuaire, la musique, florissaient au même degré dans Athènes. Plus qu’au moment même où Pindare l’avait célébrée, Athènes était le temple de la Grèce.

Rome était bien loin de ce progrès et de cet accord heureux des arts, lorsqu’elle commença d’imiter la poésie grecque, et d’introduire, après les jeux sanglants du cirque, ou parfois à leur place, quelques chants mêlés à des scènes dramatiques. Bien que cette nouveauté fut dès l’origine, et sous la main de Livius Andronicus, comme sous celle d’Ennius, importée de l’idiome