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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/323

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

romaine, de Pacuvius et d’Accius dans la tragédie, d’Accius élevé jusqu’à l’honneur de la comparaison avec les Grecs, et digne de se faire une si grande place parmi eux qu’il soit presque impossible de ne pas reconnaître, chez eux plus de perfection, et chez lui plus de verve. »

Alors même que cet éloge expressif était arraché au bon goût de Velléius, l’éclat du siècle d’Auguste, l’urbanité nouvelle et aussi les précautions politiques de son règne avaient, selon toute apparence, bien éloigné de la mémoire et de la vue des spectateurs romains les drames de la vieille école. Cela devrait dater déjà de près d’un demi-siècle. Horace, qui ne s’en plaint pas, et qui reproche même aux bons aïeux des Romains leur indulgence pour les vers négligés et les saillies de Plaute, constate cependant avec un peu de dédain à quel degré les spectacles matériels, les marches, les revues, avaient envahi la scène et défrayaient aisément la curiosité du public :

Migravit ab aure voluptas
Omnis ad incertos oculos et gaudia vana[1].

Ce genre d’exposition muette dut prospérer de plus en plus ; et le peu de nouvelles œuvres tragiques citées sous Auguste, le Thyeste de Varius, la Médée d’Ovide, par les sujets mêmes, traités tant de fois à Rome, ne

  1. Horat., lib. ii, ep. 1, v. 187.