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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/341

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Cesse de pleurer[1]. Pour toi, jeune vierge ! il n’est pas à craindre que femme plus belle ait vu la lumière du jour sortir du sein de l’Océan.

Telle, dans le verger à mille couleurs d’un maître opulent, paraît la fleur d’hyacinthe. Mais tu tardes, et le jour s’éloigne ; avance, nouvelle épouse.

« Avance, s’il le plaît, et je le crois, ainsi ; et entends nos paroles. Vois-tu comme les torches agitent leur chevelure dorée ? avance, nouvelle épouse. »

Une autre poésie de Catulle, différente par la forme, sur le même sujet, devait, ce semble, reproduire cette pompe musicale et ces chœurs que disposait Pindare. C’est la poésie lyrique en action ; et nulle part, à nos yeux, elle n’aura montré plus de grâce noble et naïve. Rappelez-vous ce que Pindare aimait quelquefois à dessiner dans ses vers, la demeure splendide d’un riche citoyen, les élégants portiques, l’appareil de la fête, la joie des amis et l’empressement de la foule. Ici, soit que l’hommage s’adresse à Manlius et à Julia, ou à d’autres grands noms de la noblesse romaine, on entend aussitôt la voix du chœur de jeunes hommes, auquel répond un chœur de jeunes filles :

« L’étoile du soir approche, ô jeunes gens ; l’étoile du soir, dans l’Olympe, achève à peine de montrer sa lumière si fort attendue. Il est temps de vous lever et

  1. Catull. Carm. v. 86.