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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/368

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

de pieuses bandelettes, les mères des jeunes filles et des jeunes hommes sauvés par sa victoire ! Vous, ô jeunes gens, et vous, jeunes filles qui connaissez l’hymen ! évitez toute plainte de mauvais augure.

Ce jour, vraiment jour de fête pour moi, doit emporter les noirs soucis. Moi, je ne craindrai ni trouble ni mort violente, alors que César gouverne la terre.

Va chercher des parfums, enfant ! et des couronnes, et du vin qui date de la guerre des Marses, si quelque amphore a pu échapper aux courses de Spartacus.

Va dire à la chanteuse Néère qu’elle se hâte de nouer sa chevelure parfumée de myrrhe ; si l’odieux gardien de sa porte te fait attendre, reviens vite.

Les cheveux grisonnants modèrent la vivacité des esprits et l’humeur querelleuse. Je n’aurais pas souffert cela dans le feu de la jeunesse, sous le consulat de Plancus[1]. »

Le poëte était-il vrai tout à l’heure, dans sa triomphale apothéose du vainqueur de l’Espagne ? Je veux le croire ; mais il faut convenir que bien vite, des pieuses actions de grâce de Livie et d’Octavie, il descend à la chanteuse Néère et à son portier. Cela nous dit que le temps et le sujet de l’enthousiasme lyrique étaient passés. Et cependant un merveilleux esprit d’imitation rendra

  1. Horal. l. III, od. 14.