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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/388

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

est l’auteur de cet hymne qui retentit lorsque les lampes s’allument ? Nous ne pouvons le dire. Le peuple répète des paroles antiques, et jamais on ne soupçonne d’impiété ces foules qui s’écrient : Nous louons le Père, le Fils et le Saint-Esprit de Dieu. Vous tous qui connaissez l’hymne d’Athénagène, cet adieu qu’il laissait à ses compagnons au moment de les quitter pour s’élancer dans la flamme, vous connaissez aussi la croyance des martyrs sur l’Esprit-Saint ! »

Quoi qu’il en soit, cette mélopée religieuse et populaire, qui remplaçait pour les affiliés du christianisme tant d’autres plaisirs de l’imagination, tant d’autres attraits des yeux et du cœur, dut avoir une grande puissance dans l’Église et dans la famille. Aussi, de bonne heure, la science s’en occupa comme l’instinct populaire. Clément d’Alexandrie, ce chrétien érudit qui mêlait à la tradition hébraïque une vaste connaissance de la philosophie et de la poésie grecques, composa dès le second siècle des hymnes à la fois dogmatiques et familiers. Un de ces hymnes, qu’il cite dans son livre du Pédagogue comme une leçon à donner aux néophytes, se rapproche un peu de la simplicité monotone de nos litanies :

« Frein des jeunes chevaux indociles[1], aile des oiseaux qui ne s’égarent pas dans leur vol, vrai guide des enfants, pasteur des brebis royales, réunis tes

  1. Clem. Alex. Oper. t. I, p. 312.