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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/393

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

céleste offrande, le diacre disait : « Vous tous, catéchumènes, sortez ; qu’il ne reste pas un seul de vous ! et nous, fidèles, prions et prions encore dans la paix du Seigneur. » Et alors s’élevait cet hymne de reconnaissance :

« Nous te rendons grâces, Seigneur, Dieu des vertus ! de nous avoir jugés dignes d’assister, aujourd’hui même, près de ton tabernacle, et de supplier ta miséricorde pour nos péchés et pour les ignorances du peuple. Accueille notre prière, ô Dieu ! et nous que tu as appelés à ton service, fais-nous, par la vertu de l’Esprit-Saint, des cœurs sans reproche et de toute innocence, qui puissent t’invoquer en tout temps, en tout lieu, afin que, nous écoutant, tu nous favorises au gré de ton infinie bonté ! »

Venait ensuite l’hymne des chérubins, cri populaire et prolongé dont retentissait l’église, pieuse extase d’une foule fidèle qui semblait imiter et croyait entendre le concert même des cieux saluant le Créateur. Quand le culte même était si poétique, quand la prière publique était un hymne et l’auditoire une assemblée de néophytes enthousiastes, aisément devait renaître et se détacher de la foule une poésie plus haute et vraiment inspirée. Ce fut un des caractères de l’Église grecque. Surnommé le théologien de l’Orient, Grégoire de Nazianze en est aussi le poëte. On ne saurait étudier dans toute leur étendue le sujet et la forme de ses chants, sans être frappé de l’affinité

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