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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/406

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

suade. Cet effort désespéré, cet élancement de l’âme et du langage, pour pénétrer les cieux, à la poursuite du Dieu qu’on adore, fait penser à la phrase tombée de la rêverie mélancolique de Pascal : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraye ; » mais là je crains d’avoir surpris, dans la contemplation même, le trouble involontaire du doute ; ici je sens la certitude et la consolation de la foi, sous l’obscurité et l’impuissance des paroles.

Cet hymne toutefois, en lents hexamètres, peut n’avoir été que la prière propre, l’action de grâces solitaire de l’ancien évêque, au lever du jour, dans son petit village d’Arianze. Mais un autre hymne au même Dieu a dû, par la rapidité du mètre et la simplicité des images, se mêler dans le culte public aux chants populaires de l’Église.

« Donne-nous[1] de te célébrer, immortel roi ! donne-nous de te chanter, roi et seigneur ! par qui viennent les hymnes, par qui l’adoration, par qui les chœurs des anges, par qui l’infinie durée des siècles, par qui resplendit le soleil, et s’accomplit le décours de la lune, et reluit la grande beauté des astres, par qui l’homme ennobli a reçu le privilége de connaître le divin, en étant lui-même un être raisonnable.

Tu as créé toutes choses, donnant à chacune sa place, et les gouvernant toutes par ta providence.

  1. S. Gregor. Nazianz. Oper. t. II, ibid.