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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/429

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

issus de cette union, qu’au moment même de son inauguration épiscopale il rappelle avec amour, rien de ces malheurs et des plaintes qu’ils lui arrachent dans ses lettres ne fait supposer ni repentir ni doute sur la liberté qu’il avait gardée. Mais, et ses chants l’attestent, il embrasse d’une foi vive les plus hauts mystères du christianisme, comme il en pratique les vertus secourables. Sur le dogme, il devient adversaire zélé de la secte arienne : il adore le Fils coéternel au Père, et divin Rédempteur des fautes et des souffrances humaines.

Comme Grégoire de Nazianze lui-même, aux distinctions subtiles sous lesquelles l’école d’Arius enveloppait la doctrine future des Sociniens et des Unitaires le théisme philosophique, il oppose ce qui est l’âme du christianisme, ce qui en est la métaphysique et la morale, l’adoration du Dieu fait homme, le culte du Christ ; il est disciple fervent de la foi de Nicée, comme de l’Évangile ; il a l’enthousiasme du dogme, comme de la charité.

Ce sera sans doute une curieuse étude dans l’histoire des lettres que de voir cet art, cette harmonie de l’ancienne poésie grecque, transportés sur les abstractions de la croyance chrétienne, et se plaisant à les décrire :

« Avec la source divine en elle-même et féconde par-dessus les unités ineffables[1], je couronnerai

  1. Συνεσίου ὕμνοι, cur. Boiss., p. 151.