Aller au contenu

Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/450

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
442
ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

la célébrer : il s’en faisait l’humble et zélé ministre. Et quand il deviendra quelque jour évêque, il consacrera, dans son inépuisable charité, au rachat des captifs, et les vases de son église et sa propre liberté. Merveilleuse légende ! soit qu’elle rappelle un fait véritable, soit qu’elle atteste une croyance populaire que tant de vertu avait rendue vraisemblable.

Mais empruntons d’abord quelques souvenirs d’imagination et d’harmonie à cette vertu chrétienne, digne de lutter contre l’invasion barbare. Est-ce le chrétien, le poëte, l’époux séparé mais tendre, qui se montre le plus dans ces vers de Paulin à Thérésia :

« Viens, compagne inséparable de mon sort ! cette vie tremblante et courte, dédions-la toute au Seigneur. Tu vois les jours passer en tourbillons rapides, et les éléments de ce monde périssable s’user, mourir, disparaître. Tout échappe de nos mains, et ce qui prend fin n’a pas de retour. De vaines images trompaient nos âmes avides et légères. Où est maintenant cette apparence de grandeur ? où sont les richesses des puissants ? »

Consacré prêtre en Espagne, revenu en Italie pour se rapprocher de quelques amis, en commerce avec saint Jérôme et Augustin, Paulin passa seize années aux portes de la ville de Nole, dans une petite métairie, près du tombeau de l’ancien évêque saint Félix. Ce fut là que le vœu du peuple de Nole l’élut évêque. C’est pour la fête du martyr, dont il occu-