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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/59

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Platon l’aurait recueilli dans son voyage d’Égypte, sur les souvenirs laissés par Moïse et par la fuite du peuple hébreu.

M. de Maistre, seul de nos jours, est allé plus loin dans cette conjecture, en prenant les mots μοῦσα φιλόσοφος pour le nom propre du philosophe Moïse, et en rapportant aux livres saints des Hébreux ce que Platon disait de sa Muse. Les premiers Pères, il est vrai, avaient noté dans la République comme imités de ces livres la recommandation exclusive et absolue de la poésie lyrique consacrée à la religion, le blâme de toute autre poésie, cette idée enfin de soumettre le chant et la musique à des juges désignés, aux conservateurs des lois, comme dans Israël, où des magistrats veillaient au choix des hymnes et au maintien des mêmes tons dans le chant. Clément d’Alexandrie appelait Platon « un Moïse attique ».

Il faut avouer du moins que certaines identités de pensées et d’images entre la Bible et les livres de Platon doivent étonner, si elles ne convainquent pas. Est ce de réminiscence ou d’intuition que Platon, comme la Bible, a nommé Dieu « Celui qui est » ? Platon même n’a t-il pas reconnu que les Grecs avaient emprunté des barbares ce qui pour lui désignait tout l’Orient, la plupart des noms ? et n’a-t-il pas en même temps prétendu que cette première imposition des noms venait d’une nature divine et supérieure à l’homme ?

4.