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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/602

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

de son appui. Ne vois-tu pas comme elle cherche, et, tout ensemble inquiète et orgueilleuse, s’agite incertaine ? Son désir audacieux s’épouvante de sa faiblesse ; et, arrêtée par un profond vertige, elle épuise sa force en convulsions, déprimant aujourd’hui ce qu’hier elle exaltait, et faisant inutilement trembler le monde. »

Nous n’osons suivre le poëte dans toute sa pieuse ferveur, ne pouvant lui emprunter le charme de son harmonie. Mais ne sent-on pas une raison à la fois enthousiaste et haute dans ce noble salut adressé à l’Amérique chrétienne et libre, et n’y a-t-il pas quelque grandeur ici, comme dans les vers de Réginald Héber, à pressentir et à vouloir l’avènement de l’Évangile sur le monde entier :

« Fleuris, arbre sacré ! que l’astre de l’éternelle vérité t’illumine et que le ruisseau de la céleste grâce nourrisse ton immense racine ! Fleuris ; étends tes rameaux ; que la race fatiguée d’Adam repose à ton ombre sainte, d’un bout du monde à l’autre !

Que les siècles en passant t’adorent, et que tu les présides immobile ! Que le ciel, la terre, l’abîme, s’inclinent sitôt que ton nom retentit ! Tu montres Dieu fait homme ; tu élèves l’homme jusqu’à Dieu. »