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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/611

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

dans l’Amérique du Nord, et qui vont s’étendant de déserts en déserts sur celle du Midi.

Là même, cependant, quelle vaste carrière et quelles inspirations offertes à l’activité morale de l’homme ! Dès aujourd’hui, que de souvenirs, que d’imitations, que de glorieux vestiges de l’ancien monde, de ses monuments, de ses capitales, de ses grands noms de tout genre, de ses arts, de quelques-unes de ses traditions antiques et de ses plus récentes inventions ! Et en même temps, quelles proportions plus régulières dans ces reproductions faites d’un seul coup ! Quelle grandeur plus gigantesque et plus libre dans ces applications des arts étendues, pour ainsi dire, sur l’échelle d’une nature plus vaste et d’une croissance de nations si rapide qu’elle semble illimitée !

Nous savons tout ce qu’on a dit, tout ce que les Américains disent parfois eux-mêmes sur leur vie trop aride et trop positive, sur cette rudesse de mœurs sans illusions élégantes, et ce tracas assidu de leurs villes, cette laborieuse activité de leurs réunions, qui ressemble aux coups de hache réitérés de leurs pionniers dans le désert. La rigueur du niveau démocratique ajoute encore à cette froide activité du bon sens aiguisée par l’intérêt personnel et le besoin d’un bien-être égal.

On croit voir reproduite et centuplée cette astucieuse et rude société décrite par le vieux satirique romain, où, du matin au soir, dans le forum, aux comices, au prétoire, les citoyens étaient sans cesse aux prises