Aller au contenu

Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

d’Hector le poëte fait succéder, comme pour l’apothéose d’une telle victoire, l’acclamation soudaine des vainqueurs : « Nous avons remporté une grande gloire, nous avons tué le vaillant Hector ; » rien n’est changé dans la forme des vers ; et le majestueux hexamètre se plie et se replie à ces violentes saillies de la joie guerrière.

Ne soyez donc pas étonné que, dans les hymnes placés sous le nom d’Homère et, ce semble, d’une langue contemporaine ou rapprochée de celle de ses deux grands poëmes, le mètre appliqué au mouvement lyrique demeure uniforme et simple : c’est la simplicité même du culte se communiquant à l’art.

J’en croirai d’autant plus l’Hymne à Apollon fort authentique, sinon quant à l’auteur, au moins quant à l’ancienneté. Je vois Thucydide[1], le grave historien, qui cherche dans les poëmes homériques la preuve d’un événement ou d’un usage antique, réputer cet hymne l’œuvre d’Homère, et, il faut ajouter, la seule œuvre où il se soit désigné lui-même. En effet, rappelant les hymnes des jeunes filles de Délos, servantes d’Apollon, le poëte s’écrie : « Latone, Apollon et Diane, salut à vous ! Mais, vous aussi, souvenez-vous de moi à jamais. Toutes les fois qu’un des habitants de la terre, qu’un voyageur malheureux vous demandera dès l’abord : Ô jeunes filles, quel homme, pour vous

  1. Thucyd., l. 3, c/ 104.