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Page:Villemin - Jacques Du Lorens, 1869.djvu/15

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Elle, qui le croit saint, afin de lui complaire
Et croyant mériter, le laisse humblement faire.

Sauf cette conclusion, qui n’en est peut-être que plus comique, est-il dans tout le personnage de Tartufe un trait que n’ait point indiqué cette exacte et libre peinture ? — Ce chef-d’œuvre, redisons le mot, en a enfanté un autre qui a fait l’étonnement du monde. La comédie de Molière est là — toute, — avec ses maîtresses lignes et ses plus fins détails.

Résumons-nous. On n’a point mis du Lorens où il mérite d’être ; nous en avons signalé deux satires très-belles et qui placent haut leur homme.

Moins correct et moins léché que Boileau, du Lorens, — celui-là n’est point un versificateur, — joue de l’instrument qui est bien la langue du poëte, cette mélopée instinctive, où le tric-trac du balancier de l’hémistiche ne se fait aucunement sentir, où l’outillage du mécanisme a disparu, comme le squelette de la Vénus de Milo, sous le revêtement des lignes et des contours.

Beaucoup d’écrivains du dix-septième siècle furent latins ou grecs : du Lorens a été français, a été gaulois, a été lui. Son livre, en somme, a des longueurs, des incohérences. Mais nos vieilles mœurs, naïvement peintes, y racontent leur histoire de jeux, de costumes et de soupers anacréontiques où nos Pères, joyeux banqueteurs, se désopilaient.

Néanmoins, pour connaître, apprécier le vrai du Lorens, lisez et relisez les deux premières satires ; après quoi, refermez pour quelque temps le volume. Mais ces deux-là, croyez-le bien, valent, compensent à elles seules