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Page:Villemin - Jacques Du Lorens, 1869.djvu/8

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pointe son regard, immédiatement tout s’illumine ; mais ce qui reste en dehors, c’est la brume, c’est l’oubli.

Essayons de rendre justice à un homme longtemps oublié et aujourd’hui encore méconnu. De sa plume est sortie une œuvre de premier ordre, une œuvre qui a très-certainement inspiré à Molière son Tartufe.

En outre, il nous a légué une satire contre les femmes de beaucoup supérieure à celle où Boileau traite le même sujet.

Du Lorens, qui volontiers s’attaquait aux vices et aux travers, était doué du coup d’œil de l’observateur. Peu nous importe que les habitants du Thimerais lui aient reproché son humeur peu accommodante. S’il n’a pu, soi-disant, vivre en paix avec personne, c’est que le champ de l’observation doit s’exercer quelque part, et que, sous ce rapport, ceux qui sont portraiturés en veulent mortellement au peintre. Faire pour cela de du Lorens un faux bonhomme manque un peu de charité.

Passerons-nous davantage à M. le marquis de Gaillon d’avoir accusé du Lorens de plagiat à l’encontre de Regnier, pour quatre ou cinq malheureux vers où l’identité de pensée peut avoir produit spontanément l’identité d’expression.

Du Lorens, disions-nous, était doué du coup d’œil de l’observateur. Il a été le Gavarni et le Daumier de son temps. Ne lui demandez que ce que donnent les eaux-fortes. De pareilles ébauches ne sont point de la gravure en taille-douce. Elles admettent des écarts, des caprices. L’ensemble de la composition y perd assurément ; mais en retour, que de détails imprévus, que d’esquisses