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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/123

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ET LA PATIENCE.

ces Solitaires, étant assortie au logement, n’étoit autre chose que des dattes, du lait, quelques fruits champêtres, & des gâteaux grossiérement faits, qui servirent pareillement à la subsistance de ces nouveaux venus, avec de l’eau claire : ce fut la seule liqueur qui fut servie à ce repas frugal.

Lorsqu’il fut fini, Merille impatiente d’apprendre ce qui étoit arrivé à ses freres depuis le fatal moment qu’ils avoient quitté Angole, le leur demanda avec l’empressement que l’on a d’ordinaire pour les objets que l’on chérit. L’ainé, qui se nommoit Almanza, prit la parole.

Nous ne savions, dit-il, quelle seroit notre destinée, en nous voyant arrêter, & nous avions tout sujet d’appréhender un sort des plus funestes ; mais, sans être en état de prendre un autre parti que celui d’obéir, nous nous préparâmes avec confiance à une mort que nous ne doutions pas qui ne fût aussi sûre que prochaine, y ayant toute apparence que la Reine & Mouba avoient déterminé le Roi à nous faire périr. Cependant, poursuivit ce Prince, ce qui nous donnoit une sorte d’espérance, c’étoit le respect dont le Chef de la Troupe qui nous gardoit, agissoit à notre égard, & le soin qu’il