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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/135

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ET LA PATIENCE.

rent, & les premieres années de mon regne furent paisibles.

Dès que je fus monté sur le Trône, le vœu unanime de mes Peuples, & leur attachement pour le sang de ses Maîtres, m’engagerent à y placer une Princesse, fille d’un Roi voisin ; de sorte que je fus marié presqu’en sortant de l’enfance, & me trouvai pere fort jeune ; j’eus deux fils, que j’aimai avec la plus vive tendresse. Je n’épargnai rien pour la leur témoigner, travaillant à leur inspirer des sentiments convenables à la condition où ils étoient nés. Ces aimables Princes, aidés des avantages qu’ils avoient reçus de la nature, profiterent si parfaitement de mes soins, qu’ils devinrent l’admiration de tout l’Etat ; mais les vertus qu’ils faisoient éclater, s’obscurcirent dans l’ainé, qui ne pouvant dissimuler l’ambition extrême qui le dévoroit s’y livra sans ménagement.

Il avoit à peine dix-huit ans, qu’il s’impatientoit d être dans une condition privée ; & ne présumant pas qu’un Pere qui n’en avoit pas encore trente-quatre, lui voulût céder son Trône, il s’abandonna à sa passion, & se révolta contre moi, prenant pour prétexte le refus d’un mariage auquel je n’avois pas voulu consentir, & que j’ai toujours cru qu’il n’avoit