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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/158

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LE TEMPS

cet obstacle. Je n’en trouvai qu’un seul : c’étoit de couronner mon fils, & d’abdiquer un Trône sur lequel j’avois monté avec tant de répugnance, & où en effet je n’avois trouvé que des peines. La rébellion de mon ainé, la mort de la Reine qu’elle avoit causée, & celle de ce malheureux Prince, se présentoient à ma mémoire avec des couleurs qui ne pouvoient être affoiblies par le temps, ni par des agréments auxquels je n’étois pas assez sensible pour qu’ils pussent me faire balancer entre eux & la douceur que j’avois toujours envisagée dans une vie privée. Ainsi, en suivant un dessein, où toutes sortes de raisons me portoient, sans le déclarer d’avance, je fis assembler tous les Grands de mon Royaume, à qui, en présence de mon fils, j’appris que je me demettois de l’autorité souveraine en sa faveur. A ces mots, étant descendu du Trône, je lui présentai la main pour l’y placer.

Une action où il s’attendoit si peu, le surprit extrêmement : il y voulut résister ; mais, pour derniere marque d’autorité, je le lui ordonnai si positivement, qu’il prit enfin la place que je venois de quitter.

Lorsque cela fut fait, j’envoyai chercher la Princesse & son Ambassadeur. Ils