Aller au contenu

Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
LE TEMPS

ses desirs, & peut-être le priver du jour, par la fureur d’un Peuple capable de se mutiner & de le prendre en horreur. Il étoit donc plus prudent d’en rejetter le danger sur la Reine, afin que les Grands, comme la populace, pussent être irrités contre elle ; & qu’alors ne trouvant personne plus digne que lui de les dédommager de leur perte, ils fussent forcés à lui offrir volontairement, même à le prier d’accepter le rang que l’ambition lui faisoit rechercher aux dépens de la vertu.

La Reine, qui avoit enfin obtenu de son époux d’en être déclarée héritiere au préjudice des Princes, ne laissoit pas de lui causer quelque embarras : il ne l’envisageoit cependant que comme un léger obstacle ; & se défaire adroitement d’elle, si elle lui nuisoit trop, n’étoit point une difficulté insurmontable : mais c’étoit un expédient à quoi il ne vouloit recourir qu’à la derniere extrémité, parce que la beauté & la jeunesse de cette Princesse, dont le Roi avoit rectifié la bassesse de l’origine, en l’honorant du nom de son Epouse, lui fournissoient un autre projet moins cruel & plus agréable ; enfin, il pensoit à l’épouser, non qu’il en fût amoureux, mais elle étoit si belle, que ses attraits ne laissoient pas de lui faire en-