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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/33

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ET LA PATIENCE.

chargé ; après quoi il les fit partir à l’instant, les accompagnant fort loin par-delà les frontières, sans leur permettre de se faire connoître, ni de parler à personne, leur défendant précisément de la part du Roi, de rentrer dans leur Pays, avant que les quinze ans prescrits fussent expirés.

Quelque surprenant que cet exil fût pour eux, ils en furent moins affligés qu’ils ne furent satisfaits de se voir rendre la liberté, & d’être hors d’appréhension d’un sort plus funeste, dont leur innocence ne les auroit point préservés. Mais délivrés de cette juste crainte, ils sentirent le regret de laisser si brusquement le Roi leur pere & leur Patrie, qu’ils ne comptoient plus revoir, ne doutant point que cet exil singulier n’eût été prémédité avec l’intention de les faire déshériter plus commodément.

Cependant une demi-heure après la naissance de la petite Princesse, il naquit un Prince qui auroit causé bien de l’embarras pour accorder la prédiction du Faquir, sans la précaution de Mouba ; mais il n’y en eut point, graces à ses soins, parce qu’on fit passer le nouveau né, en sortant du lit de la Reine, dans les bras de celui qui étoit chargé de l’enfant mort qu’il livra en échange. Il fut mon-