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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/36

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LE TEMPS

L’inutilité de cette recherche la fit cesser au bout de quelques jours, & on n’en parla plus, la joie publique occupant assez le Roi, enchanté de la jeune Princesse dont il faisoit les délices ; & la Reine, à qui elle assuroit la Couronne, ne se pouvant lasser de la caresser, ils employoient tous leurs soins à lui faire donner une éducation digne de sa naissance, à quoi elle répondoit si avantageusement, qu’à sept ans cette aimable enfant passoit pour un prodige.

La Reine avoit eu une attention particulière à placer auprès de Merille, (c’est ainsi que s’appelloit la petite Princesse,) des personnes d’une probité reconnue, voulant être certaine qu’elle ne recevroit que des leçons de vertu & que des exemples propres à lui former un bon caractere. Elle avoit sur-tout exactement recommandé que l’on lui laissât ignorer qu’elle eût eu des freres, & qu’ils eussent été sacrifiés à son bonheur ; elle aimoit mieux être seule chargée d’une action qu’elle ne pouvoit s’empêcher de désapprouver, quoique ce fût elle qui l’eût commise volontairement, que d’en laisser le remords à sa fille.

Ce fut un bonheur pour cette jeune personne, que l’excellence de son naturel