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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/82

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LE TEMPS

Cet éclaircissement combla Merille de joie, elle étoit ravie de n’avoir plus d’occasion de s’offenser des libertés de son prétendu cousin, & de trouver à sa place, une compagne aimable. Cessant d’être inquiete sur cet article, elle en devint plus docile aux leçons de la Patience, & trouva moins de peine à supporter les travaux du voyage.

Ils marcherent de cette sorte trente-quatre jours, après lesquels ils arriverent dans une plaine, où leur Conductrice les obligea de se reposer : ils y passerent la nuit ; & à la pointe du jour, s’étant réveillés, ils ouvroient à peine les yeux, qu’ils apperçurent à une distance fort éloignée, un gros nuage de toutes couleurs, qui, partant de l’Orient, couroit à l’Occident d’une façon presqu’imperceptible, & toutefois si rapide, qu’encore qu’ils l’eussent vu d’aussi loin que la vue pouvoit s’étendre, il fut auprès d’eux en un instant, & passoit avec la même rapidité, lorsque la Patience rallentit son cours.

Arrêtez, Temps favorable, lui cria-t-elle, accordez votre divin secours à deux Princesses & à un Prince que je conduis, & qui vous cherchent depuis long-temps. Je ne puis retarder ma course, répondit le Temps, car en effet c’étoit lui-même,