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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/107

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ET LA PATIENCE.

troisieme journée on se donna quelques mouvements secrets pour en apprendre des nouvelles ; ils furent inutiles, parce qu’on avoit si peu pris garde à ses démarches, que personne ne pouvoit dire par quelle porte elle étoit sortie, ni de quel côté elle avoit tourné ses pas, ce qui faisoit que l’on ne savoit où la chercher avec quelque certitude de suivre ses traces, personne ne l’ayant vue passer & n’en pouvant donner des nouvelles ; néanmoins on gardoit toujours un profond silence sur sa fuite.

Cette perte fut ignorée de la Reine pendant quelque temps, & il ne fut pas difficile de la lui cacher ; car Mouba lui suscitant tous les jours de nouvelles affaires, elle n’avoit pas un moment dont elle pût disposer. Uniquement occupée à consulter le petit nombre de ceux qui lui étoient demeurés affectionnés, elle fut plusieurs jours avant de s’appercevoir qu’elle ne voyoit point Merille : restant plus d’un mois dans cette ignorance, elle en demanda pourtant de temps en temps des nouvelles, mais on la payoit toujours de quelques raisons, dont elle se contentoit, n’ayant point de soupçons qu’elles renfermassent aucuns mysteres ; & ce ne fut qu’après que tous les prétextes furent