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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/112

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LE TEMPS

tion & le commerce du grand monde, cette femme ne lui fit voir que des manieres simples & vertueuses, accompagnées d’une grossiéreté champêtre, qui, dans un caractere doux, ne va qu’à la franchise, sans aucun mélange de brutalité, & n’est point incompatible avec la complaisance ni avec la paix.

Cette personne étoit veuve, n’ayant eu qu’un fils unique de son premier mari : la beauté & la bonne grace de cet enfant, qui se joignoient aux bons procédés de sa mere, donnerent à ce beau-pere une véritable amitié pour lui ; & le jugeant digne d’un sort plus glorieux que celui où sa naissance sembloit le destiner, il le présenta à la Reine. Ce jeune homme avoit quinze ans, & sa figure villageoise ne tenant qu’à son habit, il l’avoit laissée aussi-tôt après le mariage de sa mere, qui l’avoit fait vêtir convenablement au rang où son époux la venoit d’élever. Ce fils ne donnoit pas à connoître de différence entre lui & un enfant de condition, & il parut avec agrément aux yeux de la Reine, que son beau-pere assura du zele, ainsi que du parfait dévouement qu’il auroit pour son service.

La Reine le reçut avec joie, étant certaine de la fidélité de celui qui le lui pré-