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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/129

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ET LA PATIENCE.

ajouta-t-elle, que je suis absolument soumise aux volontés de la Reine ma mere, qui seule est votre maîtresse & la mienne ; que je ne connois que son pouvoir : mais que si, par condescendance à vos coupables intentions, elle m’ordonnoit de commettre la lâcheté que vous prétendez exiger d’elle & de moi, je me plongerois un poignard dans le sein, pour satisfaire à la fois mon désespoir & sa vengeance ; préférant la mort à l’ignominie où vous desirez m’abaisser ; & ne croyant pas néanmoins qu’une moindre peine fût due à un Sujet qui a l’audace de résister aux volontés de sa Souveraine. Voilà ce que je pense, poursuivit-il ; ainsi, que Mouba & ses amis ne conservent point une espérance aussi fausse qu’inutile ; qu’ils apprennent en ce jour que leur partage avec nous, est le respect & la soumission, qu’ils ne peuvent à présent pousser trop loin pour rentrer dans leur devoir, & pour que la Reine daigne oublier leur audace.

La Reine trouvant qu’il n’y avoit rien à ajouter à ce discours, se leva, & Zerbeke la suivoit, quand l’orgueilleux Mouba, outré des réponses humiliantes pour lui qu’avoit faites cette feinte Princesse, s’adressant à la Reine avec une fureur qu’il ne prit pas la peine de contraindre :