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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/139

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ET LA PATIENCE.

épouse un Roi, il est impossible qu’il puisse quitter ses Etats pour venir faire connoissance avec celle qui lui est destinée, ni qu’il ait le temps d’essayer si cette douce sympathie, qui fait le bonheur de deux époux, se trouve entre eux. Mais, dans l’occurrence présente, les choses sont bien différentes, dit-il, & il me semble, que puisque le choix de mes Sujets & leur prétendue raison d’Etat me destinent au lit de l’un d’entre eux, qu’il seroit en quelque sorte équitable que, me rendant des soins, il méritât que l’inclination me dédommageât de la haute fortune que je lui sacrifierois.

Mouba, ravi de voir qu’elle lui parloit avec si peu d’aigreur, se jetta à ses pieds, en lui disant, que ce qui l’avoit empêché de tenter cette voie, étoit la seule crainte de ne pouvoir lui plaire, n’ayant jamais espéré d’être heureux que par le secours des raisons d’Etat ; que l’avantage du Royaume n’étoit pas qu’elle épousât un Roi qui, n’étant pas dans son Pays, la tireroit hors du sien, & priveroit ses Peuples de la douceur de son Gouvernement, pour l’assujettir à des Etrangers qu’il enverroit y regner en son nom, & qui, sous ce prétexte, le tyranniseroient : ajoutant que si elle daignoit l’associer à sa puis-