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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/149

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ET LA PATIENCE.

Princesse, ne doutant pas d’y trouver Zerbeke dans son lit ; mais il fut trompé en son attente, car il couchoit dans un cabinet sur des matelats destinés pour une autre esclave & pour moi. C’étoit nous deux qui occupions, près de la Reine, le lit où l’on croyoit que Merille couchoit depuis que l’appartement étoit gardé, cette feinte Princesse n’en ayant pas voulu sortir.

Ce contretemps le chagrina extrêmement, en lui arrachant une preuve, dont, à la vérité, il n’avoit pas besoin pour feindre d’être persuadé du désordre de la conduite de sa Souveraine, mais qui lui étoit absolument nécessaire pour la faire punir. Fort affligé qu’elle lui eût manqué, lorsqu’il s’en croyoit si assuré, il voyoit rompre par ce contre-temps une partie de ses mesures ; mais pour ne pas tout perdre, comme ce déguisement étoit effectif, il en voulut tirer l’avantage qui lui restoit, & il entreprit toujours de faire enlever la Reine, lui donnant à peine le temps de mettre un léger vêtement.

Elle n’avoit pas voulu appeller Zerbeke à son secours, dans l’espérance que, pour se sauver, il profiteroit du tumulte qui accompagnoit cette action ; mais il étoit bien éloigné d’une telle pensée. Je courus au cabinet où il dormoit : Princesse, lui dis-