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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/166

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LE TEMPS

l’ambition de Mouba, exciterent une pitié générale : plus l’état brillant des Etrangers causoit d’admiration, plus la situation affreuse de la Reine toucha les Spectateurs. Le jeune Zerbeke y contribua encore par sa beauté, son innocente jeunesse, & par le souvenir de la valeur qu’il avoit fait paroître à la défense de la Reine ; il étoit à ses pieds, chargé de fers, dont le poids énorme se faisoit courber, & où malgré cela, il témoignoit une confiance au-dessus de son âge & de ses forces.

Ils étoient environnés de Bourreaux à cheval & de Satellites. Cette effroyable Cavalcade s’arrêta au pied du bûcher, aux quatre coins duquel étoient quatre Ministres des fureurs de Mouba, tenant à la main chacun un flambeau allumé, prêts à y mettre le feu, lorsque la Reine & son Confident y seroient attachés. Ce perfide Sujet n’étant pas suffisamment satisfait de l’exécution d’un crime si horrible, en voulut encore être le barbare témoin. Pour assouvir son courroux implacable, il ordonna qu’on laissat goûter à longs traits à cette Princesse malheureuse l’appareil du supplice qui lui étoit destiné. C’étoit dans cette même intention qu’il avoit fait mettre Zerbeke auprès d’elle, car ils avoient toujours été séparés depuis le jour de leur