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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/175

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ET LA PATIENCE.

race ; mais cette même justice exige aussi que vous me punissiez des crimes dont, en effet, je suis coupable à votre égard. Ce sont vos grands cœurs qui se sont opposés à la perte de ma vie par la main des bourreaux ; vous n’avez pas voulu que la veuve de votre pere fût exposée à cette ignominie, & vous avez sacrifié vos justes ressentiments à l’honneur qui regle toutes vos actions, ainsi qu’à la douceur de faire du bien à une personne par qui vous aviez été si cruellement offensés. Mais si rien n’égale vos vertus, ajouta-t-elle, en fondant en larmes, il n’est pas juste pour cela que vous demeuriez sans vengeance ; &, faisant mon devoir, comme vous avez fait le vôtre, je dois mourir pour vous satisfaire : c’est à moi à me rendre digne de votre alliance, en m’arrachant une vie que vos bontés ont préservée de l’ignominie du supplice ; je vous l’offre & vous la sacrifie de bon cœur.

Il n’est plus question de ces funestes idées, Reine, lui dit Almenza d’un ton respectueux ; loin de vous livrer à un désespoir indigne de vous, & dont nous serions sensiblement offensés, si vous pensez nous avoir quelque obligation, vous ne pouvez nous en témoigner une reconnoissance qui nous flatte plus que de