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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/25

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ET LA PATIENCE.

dork, que de s’exposer aux difficultés qui se présentoient sans nombre, en agissant de toute autre façon ; ce qui allarmoit son amante, & la rendoit encore plus empressée à faire réussir une affaire d’où dépendoient les jours de celui qu’elle aimoit alors.

Merille, de son côté, se servant du même stratagême, fit entendre à Broukandork qu’elle n’étoit pas éloignée de se rendre à ses empressements, mais que la présence de ses freres la contraignait, parce qu’ils ne la verroient point sans courroux disposer de son cœur en faveur d’un autre que de celui. qu’ils lui destinoient pour époux, ajoutant qu’elle voyoit plusieurs inconvénients à un si long séjour de leur part dans son Château ; premiérement (& c’étoit le plus pressant) craignant, disoit-elle, qu’ils ne s’émancipassent à murmurer contre une sœur qui trahiroit leur espoir, & peut-être contre lui, & que ce manque de respect attirant son courroux, ne le portât à les punir.

Je vous avoue, Seigneur, continua-t-elle, que je me sens assez de courage pour aimer sans leur aveu, mais que je n’en aurois pas assez pour continuer à chérir une main qui se seroit souillée dans leur sang. Je m’apperçois encore que le